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Témoignage de François Borella

Témoignage recueilli le 24 avril 2008 par Jean-Philippe Legois et Eithan Orkibi, résumé analytique détaillé ci-dessous réalisé par Caroline Chalier.

 

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Le lancement du son peut prendre quelques secondes, soyez patients.
Lecteur audio sous licence libre Creative Commons développé par Dew.

 

 

   Présentation, origines familiales
   
MVE017/001

Né le 16 février 1932 à  Nancy. Père militaire de carrière, mort en 1937. Grand-père paternel italien, maçon, arrivé en France après la Première guerre mondiale. Cadet d’une fratrie de trois enfants (une sœur, un frère).

 

 

[1'00]
 Parcours scolaire et universitaire, influences idéologiques
  
MVE017/002

Scolarité à Nancy : école primaire, puis lycée Poincaré. Fait partie de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) et de la Fédération française des étudiants catholiques (FFEC). Inscription simultanée en classe préparatoire pour l’École nationale de la France d’Outre-mer, et à la faculté de droit.

 

[0'55]
MVE017/003

Retour sur l’éducation religieuse ; grand-père maternel agnostique et mère catholique pratiquante.

 

[0'50]
MVE017/004

Études brillantes » : obtient le premier prix d’histoire au Concours général, deux baccalauréats, avec mention.
1949-1950 : préparation d’une Licence en droit et  à l’École nationale de la France d’Outre-mer. 1951 : intègre l’École nationale de la France d’Outre-mer, mais n’y restera qu’une année, pour des raisons de santé.

 

[0'52]
MVE017/005

Raisons du choix de cette école : intérêts pour les questions relatives à l’Outre-mer et études rémunérées. « Idéalisme » dans son intérêt pour ces questions. 1952 : quitte l’École.

 

 

[2'51]
 Engagement étudiant
  
 MVE017/006

Retour à la faculté de droit : devient président de l’Association des étudiants en droit de Nancy en 1953, puis président de l’Association générale des étudiants de Nancy (AGEN) en mars-avril 1954.

 

[1'15]
 MVE017/007

Reste 2 ans à la tête de l’AGE de Nancy. Forte opposition  dans l’UNEF entre les «  majos » (« corporatistes ») et les « minos », dont il fait partie.

 

 

[0'56]
 Influences idéologiques sur son parcours
  
 MVE017/008

Retour sur sa participation à des mouvements de jeunesse : animateur des « cadets » dans la JEC, puis responsable universitaire. Il  y rencontre celle qui deviendra sa femme (responsable féminine). Son engagement syndical fait suite à cet engagement dans la JEC.

 

[2'02]
 MVE017/009

François Borella est à la fois à la JEC (Jeunesse étudiante chrétienne), « plus progressiste » et à la FFEC (Fédération française des étudiants catholiques), « plus traditionnelle ». Responsabilités locales dans les deux structures. Les tensions deviendront plus fortes au moment de la Guerre d’Algérie.
Le Groupement des étudiants catholiques (GEC), dirigé par les jésuites, rassemble la JEC et la FFEC.

 

 

[3'26]
 Retour sur l'engagement étudiant dans le contexte de la guerre d'Algérie
  
 MVE017/010

A Nancy, le courant « mino » prend la majorité « par alliance avec les étudiants communistes » ; « alliance organisationnelle » entre l’AGE et la JEC. 5000 étudiants, 4500 adhérents à l’AGEN.

 

[2'13]
 MVE017/011

1955 : devient président de l’AGEN. Évocation de son prédécesseur, Chabot : « dirigeant étudiant folklorique » qui a aussi donné ses lettres de noblesse à la revue Nancy étudiant. Se souvient l’avoir battu sur une volonté d’ouverture de l’université et sur une ligne moralisatrice.

 

[2'55]
 MVE017/012

Jean-Louis Jay est son secrétaire général. Évocation de certains membres de son bureau entièrement « mino ».

 

[1'48]
 MVE017/013

Commission syndicale, présidée par Michel Voirin, après lui, en 1955. Son rôle est de réfléchir à la définition de la  notion de syndicalisme étudiant, et à celle de « politique de la jeunesse » lancée par Pierre Mendès France.

 


[2'33]
 MVE017/014

Pierre Voirin, doyen de la Faculté de droit, auteur d’ « une chronique » contre le syndicalisme étudiant dans la revue Dalloz en 1953.

 

[1'45]
 MVE017/015

A la création de la MNEF, la Mutuelle générale des  étudiants de Lorraine (MGEL) existe déjà à Nancy. Tentative échouée de faire de la MGEL une section locale de la MNEF.

 

[2'23]
 MVE017/016

« Tradition démocrate chrétienne » à Nancy, dans laquelle s’inscrit le doyen Voirin ; la MGEL n’est pas gérée seulement par des étudiants.

 

[2'23]
 MVE017/017

Tout le monde est adhérent à la MGEL ; soupçons sur la bonne gestion de la MNEF dès les années 1950.

 

[0'59]
 MVE017/018

1955 : loi sur les œuvres (CROUS, CNOUS). S’investit dans la création d’un Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), co-géré par les étudiants et l’administration. Existence préalable d’une association loi 1901.

 

[1'19]
 MVE017/019

Opposition « minos » / « majos » : « la question politique n’est pas primordiale au début », division autour de l’ouverture de l’université aux classes sociales défavorisées (« préoccupation de justice sociale »).

 

 [2'18]
 MVE017/020

Au départ, les questions coloniales ne jouent aucun rôle dans cette opposition. Engagement du PC contre la Guerre d'Indochine, mais l’UNEF ne prend pas vraiment position ; ambiguïté autour de ce qui pouvait apparaître comme une guerre anti-communiste ou anti-coloniale.

 

 [1'51]

 MVE017/021

Puis la « question algérienne », devient prépondérante. Selon le témoin, les « majos » n’étaient pas tous de droite (socialistes, radicaux…), et inversement ; les « minos » n’étaient pas tous de gauche.

 

 [1'07]
 MVE017/022

Avril 1955 : création de l’Union générale des étudiants musulmans d’Algérie (UGEMA), qui surprend l’UNEF, y compris les « minos ». Débat autour de la désignation de l’organisation qui écarte les non musulmans. Assiste au congrès de création avec Robert Chapuis : organisation « téléguidée » par le FLN.

 

 [2'29]
 MVE017/023

Question des relations ou non entre l’UNEF et l’UGEMA : les « minos » y sont favorables, les « majos » sont contre, défendant le principe de la laïcité.
Congrès de Nice en avril 1955 : le bureau élu est un bureau mixte. François Borella est élu vice-président chargé des questions universitaires.

 

 [2'19]
 MVE017/024

Hiver 1955 : présentation d’un rapport au Conseil d’administration sur la politique de la jeunesse.

 

 [1'19]
 MVE017/025

La situation se radicalise : incidents à Montpellier avec Jean-Marc Mousseron, grève des étudiants européens d’Alger.
Octobre 1955 : est élu président de l’UNEF, mais ne réussit pas à faire élire un bureau. Affrontement avec Jean-Marie Le Pen, président d’honneur de la corpo de droit de Paris. Présence de très nombreux journalistes.
15 jours plus tard, négociations autour de son départ avec l’élection de Jacques Raffoux, un « majoritaire modéré ». F. Borella est désigné conseiller juridique.

 

 [4'14]
 MVE017/026

La rupture est consommée au printemps 1956. Les liens avec l’UGEMA ne sont pas maintenus. L’appel au contingent dans l’été place « l’affaire algérienne » au centre de la vie étudiante. Évocation de l’affaire de Melouza ; souvenir d’un conseil d’administration dans lequel les partisans de « l’Algérie française » font circuler des photos du massacre.

 

 [2'02]
 MVE017/027

Nourri et logé « illégalement » à l’École normale supérieure grâce à Jacques Julliard. Réunion rue d’Ulm avec Michel de La Fournière, Jacques Julliard et Robert Chapuis où se décide la création d’une « Conférence nationale étudiante pour une solution du problème algérien ».

 

 [1'09]
 MVE017/028

Retour sur des questions universitaires : tentative de rapprochement UNEF/Union des grandes écoles (UGE). Association des étudiants préparationnaires et Cartel des ENS sont favorables à la fusion.

 

 [2'27]
 MVE017/029

etour sur le basculement « majo » / « mino » au conseil d’administration de l’UNEF de juillet 1956, dont il garde « un souvenir confus ». Évocation de Bertrand Poirot-Delpech.

 

 [2'32]
 MVE017/030

Création de la « Conférence nationale étudiante pour une solution du problème algérien ». Jacques Julliard en est le premier président. Rédige les statuts. Déclaration à la préfecture de police de Paris.

 

 [1'15]
 MVE017/031

Structure créée « un peu à la demande de l’UGEMA » et de la Fédération de France du FLN. Été 1956 : négociations en cours avec le FLN par l’intermédiaire du Maroc.

 

 [1'24]
 MVE017/032

Borella et ses camarades veulent montrer qu’une négociation via le Maroc peut être « une solution acceptable pour les deux parties » : il rédige un rapport. Évocation d’une réunion de négociations avec les Algériens, à laquelle de très nombreuses universités sont représentées.

 

 [1'38]
 MVE017/033

Difficultés d’aboutir à des résolutions. Les personnes avec lesquelles ils négocient ne semblent pas avoir les mains libres.

 

 [1'24]
 MVE017/034

 Les résolutions adoptées (21-22 juillet 1956) sont proches de ce que seront les Accords d’Evian. Impression fin septembre d’une « brochure » avec le discours de Jacques Julliard, le rapport de F. Borella et les résolutions, puis constitution d’un réseau de correspondants dans toute la France, chargés d’organiser des réunions sur le sujet.
[Le témoin feuillette en même temps quelques documents d’archives.]

 

 [3'26]
 MVE017/035

L’organisation de la minorité via notamment Michel de La Fournière, président de la FGEL à la Sorbonne.

 

 [1'24]
 MVE017/036

Nombreux contacts du témoin qui est facilement reçu parmi les acteurs du monde politique de l’époque. Séparation du réseau syndical et du réseau lié à la « Conférence nationale étudiante pour une solution du problème algérien ». Ce dernier fonctionne grâce à quelques « bonnes volontés » nancéiennes (Benoît Gelot, Jean-Pierre Colin).

 

 [2'10]
 MVE017/037

Nombreuses réunions en France. Une partie de son rapport est publiée dans la revue Esprit en janvier 1957. Deuxième réunion en juillet 1957 qui signe la fin ; début de la grève des étudiants lancée par le FLN : incompréhension du témoin. Évocation de Mostefa Lacheraf, qui, pour F. Borella, dirigeait l’UGEMA. Mais après le détournement, le 22 octobre 1956, par l'armée française, d’un  avion civil marocain dans lequel se trouvaient les principaux dirigeants du FLN, les négociations ne peuvent plus passer par le Maroc. Il parle de « sabotage ». Durcissement du conflit.

 

 [3'06]
 MVE017/038

Rentrée 1957 : envoie une circulaire à l’ensemble des correspondants dans laquelle il annonce que la structure est mise « en veilleuse ». Apprend par la police que la Fédération de France du FLN utilisait sa brochure dans la formation des militants.
Chaïb Taleb lui avait acheté 5000 brochures.

 

 [1'32]
 MVE017/039

Il est inculpé d’atteinte à la sûreté de l’État [en mai 1957], puis jugé et acquitté [en octobre 1958]. Il est contraint de démissionner du barreau de Nancy mais continue d’être assistant à la faculté de droit grâce au doyen René Roblot (« Algérie Française ») et est devenu professeur.

 

 [2'01]
 MVE017/040

Revue Document étudiant, créée par Robert Chapuis, animateur de la JEC universitaire : réflexions autour de la pédagogie dans le secondaire, notamment avec Jacques Pomonti.

 

 [2'29]
 MVE017/041

Robert Chapuis loue des locaux rue Notre-dame des Champs. En regardant les numéros, il revient sur l’aspect pédagogique de la revue.

 

 [1'57]
 MVE017/042

Mode de fonctionnement de la revue.

 

 [1'25]
 MVE017/043

Ceux qui participent à la revue sont à la fois des militants de l’UNEF mais aussi d’anciens militants (récents). Souci de Robert Chapuis : proposer un lieu de rencontre à des militants qui se sont fortement engagés, notamment dans la perspective du PSU.

 

 [1'20]
 MVE017/044

Question de l’enquêteur autour d’une journée d’études en juin 1958 sur le fascisme en France : François Borella ne souvient pas [documents sous les yeux].
Rédaction d’un texte sur la démocratie paru dans Esprit à la rentrée 1958 (analyse du projet de nouvelle Constitution). Énumère la liste des participants à la journée d’études.

 

 

 [3'13]
  Ouvrage Le Syndicalisme étudiant
  
 MVE017/045

Retour sur la rédaction de l’ouvrage Le Syndicalisme étudiant avec Michel de La Fournière qui voulait célébrer le cinquantenaire de l’UNEF. Répartition des chapitres entre Borella et de La Fournière.

 

 [2'07]
 MVE017/046

Ouvrage publié par Le Seuil : contacts avec le directeur Paul Flamand. Le témoin croit se souvenir sans certitude qu’il a été tiré à 15 000 exemplaires.

 

 [1'20]
 MVE017/047

Ouvrage bien  reçu dans les milieux universitaires et syndicaux. Le livre sort à l’occasion du cinquantenaire de l’UNEF mais n’est pas distribué dans les AGE. Ouvrage désormais épuisé.

 

 [2'03]
 MVE017/048

La théorie des 3 âges du mouvement étudiant développé dans ce livre vient probablement des différentes « réunions de formation syndicale » de la JEC ou de l’AGEN. Optimisme de la jeunesse de l’époque.

 

 [1'58]
 MVE017/049

Deux objectifs du livre : devenir un outil de travail pour la formation syndicale et faire en sorte que les étudiants soient davantage pris au sérieux, notamment par les syndicalistes, politiques ou journalistes.

 

 [1'44]
  Parcours professionnel et action politique
  
 MVE017/050

1962 : devient professeur, agrégé de droit public et part à Alger avec sa femme et ses trois premiers enfants pendant quatre ans (1962-1966). Très bons souvenirs de cette période.

 

 [2'21]
 MVE017/051

Revient en France fin 1966. Ne participe pas au mouvement de mai 68. Candidat PSU aux élections législatives de 1968. Il considère que le mouvement était « d’une  grande ambiguïté ».

 

 [1'03]
 MVE017/052

S’investit dans la mise en place de la loi Faure, à laquelle il est favorable. Il sera ensuite élu Président de l’Université de Nancy II en 1973. Lettres et Droit à Nancy II, Sciences et médecine à Nancy I : répartition imposée par le ministère alors que les juristes et les médecins pensaient être réunis. Retour sur son engagement au PSU.

 

 [2'09]
  Retour sur la période syndicale étudiante et apports de son engagement
  
 MVE017/053

Considère comme un échec la situation en Algérie aujourd’hui.

 

[0'47]
 MVE017/054

Retour sur mai 68, « extrêmement ambigu » : « individualisme anarchisant d’extrême droite » et « esprit de gauche constructive ». Évocation de Michel Rocard ; échec sur la rénovation du parti socialiste.

 

[2'02]
 MVE017/055

Apports de son engagement étudiant : qualité des rapports humain, amitiés notamment avec Jacques Julliard. « Expérience concrète de la vie sociale et institutionnelle ».

 

[1'56]
 MVE017/056

Fait partie de la Commission nationale des conflits au PS pendant 10 ans. Fonctionnement interne du PS très différent de ce qu’il avait connu dans sa jeunesse.

 

[0'56]
 MVE017/057

Sentiment d’avoir vécu une période « historiquement exceptionnelle ». Idéalisme. Évocation de Jacques Julliard, Jean-Pierre Cot.

 

[2'04]

 
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